LA CEINTURE SCAPULAIRE L’ÉPAULE

Un bon parallélisme des deux ceintures, scapulaire et pelvienne, un bon placement par rapport à l’axe vertébral du corps permettent des mouvements aisés et harmonieux. La conscience précise du placement respectif de ces trois éléments assure la qualité des postures.

Alors que le bassin et les membres inférieurs assurent la stabilité et la locomotion, les épaules et les membres supérieurs sont orientés vers la fluidité et l’expression sous toutes ses formes. La main, un outil magique, est bien là au bout du bras !

Pourtant en regardant les choses de plus prés, nous voyons que cette ceinture doit aussi avoir d’énormes qualités de stabilité. N’est-elle pas le socle de certaines postures, posture sur la tête : sirsasana, posture des quatre membres : sarvangasana. Elle participe aussi au socle des chiens, tête en bas ou tête en haut : adhomukha svanasana, urdvamukha svanasana. , ainsi qu’à beaucoup d’autres postures.

Par ailleurs dans de nombreux mouvements de bras, par exemple dans la posture de l’arbre : vrksasana, ou du héros : virabhadrasana, ou dans la prise du chandelier du yoga irano- égyptien, la ceinture scapulaire doit être stable et solide sinon les bras ne peuvent pas trouver leur qualité de légèreté et de dynamisme.

Enfin cette ceinture ne fait elle pas partie du socle de la tête  comme le dit le dicton populaire «  il est important de bien avoir la tête sur les épaules. »

stabilité des ceintures

LES MOUVEMENTS DE L’EPAULE :

L’épaule est l’articulation la plus mobile de tout le corps. Le membre supérieur peut s’orienter dans les trois plans de l’espace. On définit la position de référence comme étant celle où le bras pend le long du corps.

  1. Les mouvements de flexion-extension sont exécutés dans un plan sagittal autour d’un axe transversal. L’extension peut atteindre 50° d’amplitude, la flexion peut atteindre 180°.
extension -flexion-sagittale

  • Le mouvement d’adduction-abduction 
    • L’adduction se fait en arrière du corps, elle est faible et nécessite une extension associée. Elle peut se faire en avant du corps, elle atteint 45° et nécessite une flexion associée.
    • L’abduction est exécutée dans un plan frontal autour d’un axe antéro- postérieur. Elle peut atteindre 180°.

L’abduction de 0 à 60° peut s’effectuer sur la seule articulation scapulo humérale.

L’abduction de 60 à 120° fait appel en plus à l’articulation scapulo-thoracique.

L’abduction de 120 à 180° demande par surcroît une légère inclinaison du tronc du côté opposé.

           Les derniers degrés d’abduction deviennent en fait une adduction puisqu’ils  rapprochent le bras de la ligne médiane, cependant il est convenu de garder le terme  d’abduction pour tout le trajet.

           Cette dernière observation donne encore plus de sens à cet exercice d’élévation des bras, lié à la respiration qui s’allonge au fur et à mesure que l’amplitude du mouvement augmente. La prise de conscience de la mise en jeu des éléments articulaires successifs permet d’affiner le sens proprioceptif et kinesthésique des bras dans toutes les postures.

l ‘adduction
l ‘abduction
  • La flexion-extension horizontale peut atteindre une amplitude de 180°. On définit la position de référence de ce mouvement comme étant celle où le bras est en abduction à 90° dans le plan frontal.
  • L’extension horizontale peut atteindre 40° elle nécessite un mouvement d’extension et d’adduction postérieure.
  • La flexion horizontale peut atteindre 140° elle nécessite un mouvement de flexion et d’adduction antérieure.

flexion – extension – horizontale

  • La rotation du bras sur son axe longitudinal : On définit la position de référence comme étant celle où le bras pend le long du corps mais où le coude est fléchi à 90°. Sans cela le mouvement de l’avant bras viendrait se surajouter au mouvement de rotation du bras
  • La rotation externe peut atteindre 80°. Il faut y ajouter les 30° de retour de la rotation interne, main devant le corps. Ceci est un des secteurs les plus utilisé dans la vie courante.
  • La rotation interne peut atteindre 110°. Dans un premier temps la main est sur
  • l’avant du corps, dans un deuxième temps elle est sur l’arrière du corps, ceci 
  • nécessite une extension de l’épaule.
rotation externe et interne

  • Mouvements de circumduction :

La combinaison de tous ces mouvements permet à la main de dessiner un cône de circumduction dont le sommet se situe au centre de l’épaule. Il faut noter que les cônes droit et gauche se recoupent en avant et que ce secteur correspond au secteur de vision stéréoscopique, le travail de la main restant sous le contrôle des yeux.

circumduction

  • Lorsque les deux membres sont concernés :

Dans les amplitudes extrêmes la colonne vertébrale est entraînée : Dans l’élévation des bras en flexion sagittale il se produit une extension vertébrale. Dans l’extension des bras en arrière dans le plan sagittal il se produit une flexion vertébrale.

Dans l’élévation des bras on peut remarquer que très souvent les bras ne viennent pas jusqu’à la verticale. Dans sa position physiologique l’omoplate fait un plan de 30° par rapport à la verticale. Si nous gardons les bras raides « comme des bâtons » comme cela est dit dans hata yoga pradipika, si nous gardons les mains toniques, bien à plat, doigts étirés, quand la main recule, l’omoplate avance suivant les lois d’un couple de torsion comme le font les deux pelles d’une pagaie. On assiste ainsi à une extension dorsale haute et à un déploiement du thorax qui ouvre de plus le soufflet sous thoracique. Ceci vient du fait que l’omoplate étant stabilisée, le grand dentelé déploie les espaces intercostaux et redresse ainsi le dos. Cette position facilite l’activité inspiratoire. Le bras rejoint alors une position proche de la verticale

  • Quelque chose passe inaperçu : il s’agit de la rotation volontaire « adjointe » ou de la rotation automatique « conjointe ».

      Ce mouvement existe parce qu’il s’agit d’une articulation à 3 axes. Ceci explique que très souvent au début de la pratique le mouvement de la main est laissé aux seuls soins  du hasard. Dans les mouvements d’élévation des bras à la verticale par les côtés ou par devant à partir de la position de référence, la main va se retrouver avec la paume qui regarde en avant lors un mouvement conscient qui suit l’évolution de la rotation automatique du bras. Si cette rotation automatique était contrariée, en passant les bras par les côtés, paumes de main regardant vers le sol puis vers l’extérieur, les pouces se trouveraient en avant en fin de mouvement. De même en passant les bras vers l’avant, les paumes de main se faisant face tout au long du mouvement, les petits doigts seraient vers l’avant en fin de mouvement. Comme par hasard c’est exactement ce qui se passe dans les positions traditionnelles  de yoga.

           Tout ce travail réveille la force et la mobilité de l’épaule et surtout il affine le sens proprioceptif de cette région.

LES MOUVEMENTS DE LA CEINTURE SCAPULAIRE :

La ceinture scapulaire apparaît en quelque sorte comme « posée » sur le thorax. Le seul point de contact articulaire se situant au niveau de l’articulation sterno-costo-claviculaire. C’est dire l’importance du jeu des muscles dans cette région. La ceinture est donc fluide et mobile ce qui fait que le déplacement d’un des éléments se transmet immédiatement à tous les autres, en particulier ceux de l’omoplate. La contracture de certains muscles peut entraîner des déséquilibres asymétriques ou symétriques de cet ensemble. On repère  ces défauts d’équilibre en observant les omoplates et les clavicules. Tantôt les omoplates s’écartent trop de la colonne prenant un aspect en ailes, tantôt elles sont asymétriques, l’une étant plus haute que l’autre ou plus éloignée de la ligne médiane. Tantôt les clavicules ne sont plus horizontales mais obliques, formant un V évasé.

  1. Dans les mouvements de rétro pulsion de l’épaule l’omoplate glisse et se rapproche de l’axe de la colonne vertébrale
  2. Dans les mouvements d’anté pulsion de l’épaule l’omoplate glisse et s’écarte de la  ligne médiane jusqu’à 12 centimètres.
  3. Dans les mouvements de haussement et d’abaissement de l’épaule l’omoplate a une course possible de 12 centimètres. L’extrémité externe de la clavicule accompagne ce déplacement.
  4. Lors des mouvements de bascule dits de « sonnette » de l’omoplate cette bascule peut atteindre jusqu’à 60°. Dans la bascule vers le bas ou «  sonnette interne », la pointe de l’omoplate se rapproche de la ligne médiane, la cavité glénoïde regarde vers le bas. Dans la bascule vers le haut ou « sonnette externe » la pointe de l’omoplate s’écarte de la ligne médiane, la cavité glénoïde regarde vers le haut. Ceci facilite grandement les mouvements car ces déplacements modifient la position de la cavité glénoïde ce qui permet une meilleure orientation des bras.

Si nous considérons les mouvements de la ceinture scapulaire au niveau de la clavicule nous voyons que les déplacements possibles de l’extrémité externe peuvent avoir les amplitudes suivantes : élévation 10cm, abaissement 3cm, mouvement en avant 10cm, en recul 3cm, rotation de l’os 30°.

MOUVEMENTS GLOBAUX DE L’EPAULE :

« le test du point triple » permet d’observer la mobilité de l’épaule. Il s’agit de porter la main sur la face postérieure de l’omoplate opposée par trois voies différentes.

  1. La voie antérieure contro latérale : la main va à la bouche, à l’oreille opposée, à la nuque, au trapèze puis à l’omoplate. Elle évalue l’adduction.
  2. La voie antérieure homo latérale : la main passe par les mêmes stades, mais du même côté. Elle évalue la rotation externe.
  3. La voie postérieure : la main va à la fesse, au sacrum, aux lombes, à la pointe de l’omoplate, à la face postérieure de l’omoplate. Elle évalue la rotation interne.

Ici encore nous retrouvons des postures classiques de bras en yoga pour développer la mobilité et la conscience de l’épaule : La posture de la tête de vache et la posture des mains jointes derrière le dos.

L’ARTICULATION DE L’EPAULE :

Les éléments en présence :

La ceinture scapulaire est formée par les omoplates en arrière et les clavicules en avant et le sternum.

  1. La clavicule :

Elle a une forme de S ce qui lui permet une meilleure résistance aux pressions. Elle s’arc-boute entre le sternum et l’omoplate. Son extrémité interne s’articule avec le sternum, son extrémité externe s’articule avec l’omoplate.

  • L’omoplate :

C’est un os plat triangulaire. Elle a deux faces, trois angles, trois bords. A son bord externe se trouve la cavité glénoïde qui correspond à la tête de l ‘humérus. Plus en avant, au bord supérieur se trouve l’apophyse coracoïde. Sur la face postérieure se trouve l’épine de l’omoplate. Elle divise la face postérieure en fosse sus et sous épineuse. Cette épine s’élargit dans sa partie externe et forme l’acromion qui lui est perpendiculaire.

  • L’humérus :

C’est un os long qui comporte deux extrémités et un corps. A l’extrémité supérieure on observe la tête de l’humérus, surface articulaire sphéroïde. En dehors on observe une grosse tubérosité, le trochiter et une petite tubérosité, le trochin.

Le complexe articulaire de l’épaule :

Cette articulation peu emboîtée peut connaître des ennuis mécaniques : luxation, étirements et même rupture des tendons. L’articulation de l’épaule est très sollicitée, soit dans le cadre de mouvements de la vie courante, toujours dans les mêmes secteurs angulaires de travail, soit dans le cadre de travaux de force en poussant ou en tirant ou en répétant inlassablement un même geste avec ou sans outil. Si l’outil est trop lourd les muscles sont d’emblée fortement contractés. Il est donc très bénéfique pour cette articulation de retrouver ses axes de travail avec beaucoup de précision et de conscience.

Kapandji propose pour l’épaule un modèle en cinq articulations.

            Le premier groupe comporte :

  1. L’articulation scapulo-humérale anatomique :

C’est la plus importante du groupe. C’est une articulation vraie comportant des surfaces cartilagineuses en contact.

. La tête humérale est assimilée à 1/3 de sphère de 30mm de rayon. Elle est séparée du reste de l’os par le col de l’humérus.

. La cavité glénoïde de l’omoplate : elle est concave dans les deux sens, vertical et transversal. Elle est beaucoup plus plate que la cavité cotyloïde de la hanche.

. Un bourrelet glénoïdien vient la renforcer et augmenter sa concavité, mais comme pour le genou, un renforcement supplémentaire par un appareil musculo-tendineux de bonne qualité est nécessaire.

La capsule articulaire est lâche, permettant ainsi des mouvements de grande  amplitude. Elle est renforcée par des ligaments, le ligament coraco-huméral qui joue un rôle dans la flexion-extension sagittale, et trois autres plus faibles, les ligaments gléno-huméraux qui jouent un rôle dans l’abduction.

Le renforcement par les muscles :

Le biceps connaît une situation particulière, le tendon du long biceps pénétrant carrément dans l’articulation à sa partie supérieure. Il joue un rôle important lorsqu’on soulève des objets lourds, empêchant avec d’autres muscles la luxation de la tête humérale vers le bas. Il est aussi abducteur.

2.L’articulation sous deltoïdienne physiologique :

Ce n’est pas une articulation vraie, elle comporte deux surfaces glissant l’une sur l’autre. Le glissement s’effectue entre la face profonde du deltoïde d’une part et la coiffe des rotateurs et l’extrémité supérieure de l’humérus sur laquelle s’insère le sus épineux, le sous épineux, le petit rond, le sous scapulaire et le tendon du biceps d’autre part.Ces deux articulations sont très liées. Tout mouvement de l’une entraîne un mouvement de l’autre.

              Le deuxième groupe comporte :

3. L’articulation scapulo-thoracique physiologique. C’est la plus importante du groupe. Ce n’est pas une articulation vraie, elle ne peut fonctionner sans les deux autres. Il s’agit de 2 plans de glissement. Le muscle grand dentelé crée deux espaces de glissement. C’est une lame musculaire qui s’étend du bord interne de

l’omoplate à la paroi latérale du thorax. Il s’attache sur les 10 premières côtes . 1er espace : entre l’omoplate et le grand dentelé 2ème espace : entre le grand dentelé et le thorax. Il attire l’omoplate en abduction et sonnette externe alors que le trapèze moyen travaille en couple avec lui et l’attire en adduction. C’est cette action qui permet de stabiliser l’épaule.

4. l ‘articulation acromio claviculaire

Elle est située à l’extrémité externe de la clavicule qui repose sur l’acromion. L’amplitude de ses mouvements est très réduite. C’est une transmission souple des mouvements de l’articulation sterno-claviculaire à l’omoplate.  Il s’agit surtout de mouvements de glissement avec ouverture et fermeture de l’angle de 60° entre l’omoplate et la clavicule. « Elle est le centre de tous les mouvements de l’épaule, suspension mobile au dessus de la tête de l’humérus » nous dit G.Bordier. Les pivots de déplacement étant la sterno-claviculaire et la scapulo-humérale. Quatre ligaments gèrent les degrés d’ouverture de cet angle lors des mouvements de flexion –extension dans le plan sagittal. Ceux ci provoquant une torsion de la clavicule. 

5.L’articulation sterno-costo-claviculaire :

C’est l’articulation de l’extrémité interne de la clavicule avec le sternum et le premier cartilage costal. C’est une articulation en « selle » la surface concave de la clavicule s’appliquant sur la surface convexe du sternum. Elle permet à la clavicule de monter et de descendre, d’avancer et de reculer, de tourner sur son axe.

L’action des muscles coapteurs vient encore renforcer cette articulation très mobile. Ils forment deux groupes :

  • les coapteurs transversaux : Ils appliquent la tête humérale contre la glène. Ce sont les muscles sus épineux, sous épineux, petit rond, sous scapulaire et la longue portion du biceps.

  • Les coapteurs longitudinaux : Ils s’opposent à la luxation de la tête vers le bas dans l’effort de porter des charges. Ce sont les muscles deltoïde, triceps, biceps et le grand pectoral par son faisceau supérieur claviculaire.

Les coapteurs longitudinaux prédominent. A long terme il peut se produire une usure et même une rupture de certains d’entre eux « rupture de la coiffe des rotateurs ». Le coussin entre la tête de l’humérus et l’acromion s’amenuise, la péri arthrite scapulo-humérale apparaît.

OBSERVATIONS PRATIQUES :

  1. Nous venons de voir que le fait d’avoir la notion précise du positionnement de la main permet de découvrir le jeu des chaînes musculaires du bras et d’affiner le sens de proprioception dans cette région. Le mouvement bras levés se terminant paumes des mains en avant n’est pas sans évoquer la préparation de la position à quatre pattes, dans les bons axes !
  2. Nous pouvons aussi affiner la conscience du positionnement des deux ceintures entre elles et par rapport à la colonne vertébrale. L’imagination, la visualisation, peuvent venir à l’aide de la perception. Prenant l’image du petit bonhomme «  fil de fer » ou même en le fabriquant réellement, nous pouvons conscientiser le parallélisme des ceintures dans le haut-bas et l’avant-arrière. Nous pouvons aussi percevoir le degré de flexion-extension de la colonne entre les deux ceintures. Ceci permet un meilleur placement dans toutes les postures et en particulier dans les torsions, quand la proposition « tenir le bassin ou garder les épaules en ligne » ne provoque aucune réaction de rectification.
  3. Resituer la ceinture scapulaire dans l’ensemble du corps par le biais des chaînes musculaires. Une ceinture scapulaire « fermée » appuie sur le sternum (par le seul point de contact osseux) et ferme le plexus solaire compromettant de suite tout déploiement .

. Prenant l’exemple de la posture du chien tête en bas dans laquelle les deux côtés du corps travaillent en même temps, un meilleur placement de la ceinture scapulaire, grâce à un appui privilégié d ‘abord sur le bord interne de la main (pouce et index) puis sur le bord externe(annulaire , petit doigt) et à un verrouillage du bras « comme un bâton », permet de mieux placer le bassin parallèlement à elle sur une colonne en extension. La posture s’installe alors d’elle-même, le travail dans les membres inférieurs étant facilité par le bon placement de l’ensemble. Lorsque les deux côtés travaillent ensemble, il peut se produire une extension telle que, non seulement le soufflet sous thoracique s’ouvre, mais encore à un étage sus- jacent entre D7 et D8 juste au-dessus des fausses côtes, il se produit une nouvelle zone d’extension possible, comme celle utilisée dans les danses espagnoles. Bien sûr ces ouvertures sont à apprivoiser tranquillement car elles rencontrent des résistances de tous ordres, surtout musculaires (dues aux contractures habituelles,congénitales ou acquises liées à notre façon d’habiter notre corps quotidiennement) hémodynamiques ( avec la sensation d’avoir une tête qui devient comme trop pleine, la circulation se faisant un peu différemment au niveau des gros vaisseaux et au niveau cardiaque, avec parfois des petites palpitations, un des ligaments suspenseur du cœur étant inséré sur D4) et peut être surtout mentales,( sommes-nous prêts à lever le regard et à dé-courber l’échine ?)

Lorsqu’ un seul côté travaille, dans les mouvements croisés. Si nous prenons l’exemple d’un triangle en torsion, le seul fait de poser le regard sur l’axe de la ceinture scapulaire permet de prendre conscience de l’angle fait avec l’axe du bassin et du  placement en extension de la colonne vertébrale. Il suffit alors de chercher la juste extension des jambes et d’habiter la diagonale d’ouverture pour sentir la connivence entre le pied et l’épaule s’établir d’elle-même. Cette présence ouvre le trajet sur la chaîne d’extension et permet un bon placement de la ceinture scapulaire. Cette ceinture bien placée perpendiculairement à la colonne vertébrale, devient comme une grande «  tarière ». Elle permet d’ajuster sur une colonne bien placée, la torsion d’une ceinture par rapport à l’autre.

  • Acquérir le sens du placement et de la fixation de l’omoplate :

Au niveau du genou, articulation particulièrement peu emboîtée et renforcée par les tendons des muscles de la région, nous avons la possibilité de « verrouiller » les rotules dans les postures jambes tendues. Au niveau de l’épaule nous pouvons découvrir les mécanismes qui placent les omoplates dans leur axe de solidité car les mouvements de l’humérus provoquent des oscillations de toute la ceinture.  La « racine » du membre est ainsi assurée, le bras devient libre et léger. La stabilisation de l’omoplate demande un effort :d’adduction de l’omoplate, le bord interne devient parallèle à la colonne vertébrale, les omoplates se rapprochent. Elles se verticalisent de plus en plus et ceci produit un abaissement de l’os. De ce fait la cavité glénoïde se place plus en dehors et de proche en proche l’articulation sterno-claviculaire  porte le thorax à se redresser et donc la colonne dorsale et tout le rachis.  Ceci permet de s’approcher des lignes pures de la posture du chandelier par exemple, proposée dans le yoga irano-egyptien, ce type de posture rappelant bien sûr les lignes simples des hiéroglyphes. Le bras ne pèse alors que le poids du bras. Les muscles n’ont pas à traîner tout le passif des contractures possibles à tous les niveaux racine, et au niveau du tronc, par exemple une contracture du grand dorsal, un aspect étriqué et raide d’un pectoral, un trapèze douloureux, etc…. Rappelons-nous que seule la bonne trophicité du muscle peut le mettre à l’abris des déchirures « d’usure ». Les douleurs invalidantes de l’épaule, aiguës ou chroniques sont légion ! La péri-arthrite-scapulo-humérale avec lésions des muscles de la coiffe des rotateurs est fréquente. La rupture du tendon du long biceps diminue de 20% les possibilités d’abduction. Le travail de contraction-décontraction rythmique par séries de 10 dans des axes choisis, est particulièrement réparateur, après un temps de repos impératif dans les périodes de douleurs aïgues et de poussées inflammatoires. La coaptation musculaire longitudinale et transversale au niveau de l’épaule est une activité très importante. Cette région peut être soumise à des contractures intenses, de même qu’il existe des lumbagos avec des sciatiques au niveau de membre inférieur. La tension des muscles est très présente. On peut s’en faire une idée si on se rappelle que sur un sujet mort, l’épaule peut avoir une dé-coaptation allant jusqu’à 3cm.

  • Acquérir le sens du mouvement pur de l’articulation scapulo-humérale :

L’omoplate étant bien placée, la cavité glénoïde se présente dans les axes propices de fonctionnement. Elle se comporte comme une parabole qui s’oriente dans toutes les directions pour prêter au bras une rallonge, celle de l’omoplate et même du tronc comme nous l’avons vu antérieurement. Sur un dos voûté l’omoplate ne fait plus cet angle de 30° avec la verticale comme physiologiquement, mais elle peut avoir beaucoup plus d’inclinaison ! La glène n’est plus orientable. On n’insistera jamais assez sur la connivence main-omoplate, cette main si vivante et si expressive comme dans la danse indienne. Les mûdras ne sont-ils pas si subtils que le seul changement de positions des doigts interfère sur la respiration ? Il est important de repérer la position de plus grande solidité de l’articulation. L’apophyse coracoïde et l’acromion se présentent comme une voûte au-dessus de l’articulation. C’est le point d’amarrage de nombreux muscles qui gèrent les mouvements de la ceinture. Quand celle ci est stabilisée consciemment le bras peut évoluer en toute légèreté. Une série particulièrement bénéfique a été proposée. Deux positions de bras permettent de bien éduquer le sens du mouvement. Les bras en chandelier ou en offrande, véritables postures utilisées dans des rites millénaires, ou les bras tendus  dans un plan frontal, à l’horizontale. Les mains sont placées de différentes façons, dans l’axe, ou les poignets formant un angle de 90° paumes de main repoussant les murs latéralement, paumes de main regardant en avant avec les poignets inclinés vers le bas (chandelier kopte). Ceci permet de travailler des groupes musculaires différents et de les habiter de mieux en mieux. Ce travail se faisant en extension du tronc, en flexion avant, en flexion latérale et en torsion. Il se passe en trois temps, un mouvement dynamique qui avertit le corps de la posture demandée, un temps statique ou respiratoire, un temps en contraction sur un expire.

  • La clavicule est une clef, comme nous l’explique Annick de Souzenelle dans « la symbolique du corps humain », une clef pour ouvrir une nouvelle porte vers le haut. D’une attitude juste de la ceinture scapulaire naît une ouverture, un meilleur port de tête, un meilleur champ de vision. Les yeux balaient alors largement l’horizon comme les rayons d’un phare sur la mer. Le mental se déploie, le cœur s’ouvre. Cette région n’est-elle pas en rapport avec les chakras du cœur, de la gorge et du front !

Il est donc très intéressant de remarquer qu’à chaque élément physiologique articulaire confirmé par l’imagerie médicale très performante à notre époque, correspond un mouvement, une posture de bras qui invite à pénétrer toujours plus à fond dans la conscience du mouvement nous amenant ainsi à acquérir paradoxalement toujours plus de solidité et de légèreté, de force et de douceur.

Pourquoi donc accepterions-nous de finir avec «du plomb dans l’aile » ? N’est-il pas préférable de trouver une nouvelle clef qui nous permettra d’ouvrir des portes ?

Les muscles, leurs fonctions et différentes applications sont à envisager ultérieurement.

Bibliographie :

A.I.Kapandji. Physiologie articulaire 1, membre supérieur. Edition Maloine.

G.Bordier. Anatomie appliquée à la danse. Edition Amphora.

B.Calais Germain. Anatomie pour le mouvement. Edition Desiris.

D.Martin.Comment entretenir, protéger son « patrimoine » physique… 

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