Le genou, un bon diplomate.
Situé entre la hanche et la cheville, le genou est une articulation de dialogue, c’est une « plaque tournante » capable d’harmoniser les tensions dans le membre inférieur. Il est fait pour résister aux efforts de compression venant du haut et venant du bas. Les travées osseuses ont des lignes de force dirigées de telle façon qu’elles permettent à la structure de supporter les contraintes en statique comme en dynamique. Cette architecture rappelle celle des arcs en ogive, faits pour soutenir de lourdes charges.
lignes de force osseuses
LES SURFACES ARTICULAIRES :
Les condyles du fémur et le plateau tibial avec les cavités glénoïdes interne et externe forment les surfaces articulaires du genou. Cette articulation semble n’avoir qu’une stabilité précaire, comme s’il existait un vide interne et externe. En fait, il existe un épais revêtement cartilagineux et les ménisques, interne et externe complètent l’articulation. La rotule vient renforcer le système articulaire du genou.
Au niveau du fémur, les condyles sont séparéspar une gorge, ils évoquent les supports d ‘un cheval à bascule.
articulation du genou.
- Les surfaces condyliennes sont plus étendues en avant et en arrière que les plateaux tibiaux
- Le condyle externe est plus large en avant qu’en arrière, le condyle interne est uniforme.
- Dans le plan sagittal, le rayon de courbure diminue d’avant en arrière. Ainsi dans la statique la partie la plus plate joue un rôle porteur, dans la flexion la partie la plus arrondie permet une meilleure amplitude des mouvements. Il faut noter que le condyle interne est plus courbe que l’externe. Ceci participe à la « rotation automatique » du genou lors du verrouillage articulaire qui se produit au moment de l’extension du membre inférieur. Nous en avons la perception dés que nous nous mettons debout, les membres inférieurs en extension.
*Au niveau du tibia, les cavités glénoïdes sont concaves transversalement, elles sont séparées par une crête osseuse, non articulaire qui empêche les mouvements latéraux et de rotation en extension complète.
LES MENISQUES :
Ce sont des coussinets fibrocartilagineux en forme de croissant. Ils sont plus épais sur leur bord convexe.
-Ils accentuent la concavité des glènes et donc permettent une meilleure répartition des forces
-Ils agissent comme des cales latérales et améliorent la stabilité.
-Ils amortissent les pressions du fait de leur structure élastique.
-Ils sont mobiles par rapport au tibia et accompagnent les mouvements de l’articulation.
En flexion les ménisques reculent, poussés par les condyles.
En extension, ils avancent.
En rotation externe, l’interne avance, poussé par le condyle interne.
En rotation interne, l’externe avance, poussé par le condyle externe.
-Leur structure résistante limite les efforts de contraintes et les étirements.
Ils sont reliés entre eux mais aussi aux structures osseuses, synoviales, ligamentaires et musculaires.
Leur intégrité est donc de première importance, elle diminue l’usure du cartilage.
C’est en extension complète qu’ils aident au mieux la concordance des surfaces il est donc important de « tendre le genou à fond » après les mouvements pour rétablir la stabilité de l’articulation. Toute mauvaise synchronisation entre les mouvements de rotation et de flexion-extension est cause de lésions des ménisques.
LA CAPSULE DU GENOU
Elle est lâche et forme des replis quand la jambe est en extension. On peut mobiliser la rotule de haut en bas et latéralement. Sur un membre immobilisé ces replis peuvent devenir plus ou moins adhérents et il apparaît alors une limitation du jeu articulaire. Cette capsule forme une chambre articulaire dans laquelle circule le liquide synovial. Elle est renforcée par des ligaments. En avant elle contient la rotule sur laquelle se croisent les tendons du quadriceps formant alors le ligament rotulien qui s’insère sur le tibia.
En arrière la capsule est épaisse et forme les coques condyliennes. Elles forment comme un véritable ligament qui empêche l’hyper extension du genou.
LES LIGAMENTS LATERAUX :
Ils assurent la stabilité transversale. Ils sont très résistants, tendus dans l’extension ils s’opposent aux forces de distension qui s’exercent latéralement en particulier du côté interne.
-Le ligament latéral interne s’attache en haut sur le condyle interne du fémur et en bas sur la face interne du tibia.
-Le ligament latéral externe s’attache en haut sur le condyle externe et en bas sur le sommet de la tête du péroné.
Les ligaments latéraux sont tendus en extension, détendus en flexion. Ils sont détendus en rotation interne du tibia par rapport au fémur, tendus dans la rotation externe.
LES LIGAMENTS CROISES :
Ils assurent la stabilité antéro postérieure et évitent les glissements antérieurs et postérieurs( mouvements en tiroir.)
Ils réalisent une sorte de vissage de l’axe articulaire, pivot du mouvement.
-Le ligament croisé antérieur se dirige d’avant en arrière. Il va de l’épine du tibia au condyle externe(échancrure inter condylienne.) Il est en relation avec le ménisque interne.
-Le ligament croisé postérieur se dirige d’arrière en avant. Il va du plateau tibial au condyle interne. Il est en relation avec le ménisque externe
En rotation externe les ligaments croisés sont un peu détendus.
En rotation interne, ils sont tendus.
LA ROTULE :
Son rôle principal est de protéger le tendon du quadriceps dans lequel elle est enchâssée. En dessous elle forme le ligament rotulien qui va s’insérer sur le tibia. Sa face postérieure s’articule avec la trochlée fémorale. De chaque côté elle est reliée aux condyles et aux ménisques.
Dans les mouvements de flexion extension le quadriceps applique la rotule sur la gorge de la trochlée. Elle protège ainsi son tendon des trop fortes contraintes d’étirement ou de friction. La rotule est très stable lors des flexions. Elle est mobilisable sur un membre en extension sauf si nous le contractons fortement.
LES MUSCLES :
Comme dans la cheville, les tendons des muscles viennent apporter un renfort actif à l’appareil capsulo ligamentaire.
En avant : le quadriceps par ses fibres tendineuses directes et croisées vient renforcer les ligaments latéraux.
En dehors : le tenseur du facia-lata et le biceps crural assistent le L.L.E.
En dedans : les muscles de la patte d’oie, droit interne, demi tendineux et couturier assistent le L.L.I.
En arrière : les jumeaux et le demi membraneux renforcent la capsule articulaire.
De plus à ce niveau le muscle poplité maintient la stabilité du genou lors des mouvements de rotation. ,
En conclusion plusieurs éléments concourent donc à la stabilité du genou qui est assurée
Transversalement par les ligaments croisés, les ligaments latéraux, les coques condyliennes et le haubanage actif des muscles latéraux.
Dans l’axe antéro postérieur par les ligaments croisés, les coques condyliennes et par le quadriceps.
Dans la stabilité rotatoire par l’association des ligaments croisés(qui se tendent en rotation interne du tibia) et des ligaments latéraux(qui se tendent dans la rotation externe.)
Genou fléchi, le haubanage musculaire interne freine la rotation externe, le haubanage musculaire externe freine la rotation interne.
Des haubans musculaires bien conscients et bien éduqués sont des garants de protection du genou.
Les mouvements principaux au niveau du genou sont :
Dessin f et f’: les mouvements du genou.
– Des mouvements de flexion- extension : Ils se font en deux phases, l’une consiste en un roulement, l’autre en un glissement. La flexion de la jambe sur la cuisse est moindre sur une hanche en extension du fait de l’étirement du muscle droit antérieur qui résiste à une extension supplémentaire de la hanche.
L’extension de la jambe sur la cuisse est moindre sur une hanche en flexion du fait de l’étirement des ischiojambiers qui sont souvent trop toniques et contractés.
– Des mouvements de rotation interne et externe sont possibles quand le genou est fléchi.
Le genou joue un grand rôle dans la mise en place de l’axe du membre inférieur et donc dans sa stabilité dans l’extension.
– L’axe dynamique du membre inférieur est une ligne droite passant par le centre de la tête du fémur, le milieu de l’articulation fémorotibiale et le milieu de la tibiotarsienne. Cet axe n’est pas tout à fait vertical, il fait un angle de 3 degrés en dehors.
– De plus, physiologiquement il existe un certain angle entre l’axe du fémur et celui du tibia (170 à 175 degrés)ouvert en dehors.
On observe de fréquentes variations dans ces axes.
- En latéralité :
Le genu valgum : exagération de la tendance physiologique.(A)
Le genu varum : varus équin, position du cavalier.(B)
- En antéro postérieur:
Faible extension naturelle ou même petit degré de flexion(C)
Hyperextension appelée genu recurvatum.(D)
Dans ce dernier cas il est souvent utile de travailler, la jambe allongée au sol pour prendre conscience du plan normal que devrait garder le membre.
Suivant notre type, la projection du centre de gravité du corps au sol est très variable. Le chemin des forces descendantes et montantes ( poids du corps, réaction du sol) et donc nos tensions ne se font pas de la même manière. Il est essentiel de reconnaître les mécanismes prioritaires sur lesquels nous fonctionnons.
De plus, toutes les combinaisons peuvent se voir. Il peut coexister un genu valgum et un certain degré de flexion. On peut aussi voir une asymétrie entre les deux membres.
N’oublions pas que la grande activité des membres inférieurs c’est la locomotion !
Dans la période d’allègement il se produit une flexion mais aussi une légère rotation externe du membre qui part de la hanche elle- même. Ensuite le pied va se réceptionner sur le talon puis sur la bandelette externe et dans la période de mise en charge il se produit une extension mais aussi une légère rotation interne et un passage sur le pied propulsif à la base du gros orteil, puis sur le gros orteil.
Il se produit une sorte de déverrouillage puis de verrouillage automatique du genou. Ceci est dû à la forme même de cette articulation.
APPLICATION DANS LES POSTURES :
Comme toujours, un temps d’observation à « l’état naturel » est ici très important. Le regard intérieur, le sens proprioceptif, mais aussi le regard extérieur. Les données apportées par l’observation dans un miroir, ou même par un autre qui « connaît »la physiologie, sont très précieuses pour comprendre à quelle sorte de jambe nous avons affaire. Dans notre fonctionnement quelle est la part de responsabilité du genou lui- même, du pied ou de la hanche. Les deux jambes fonctionnent- elles de la même façon ?
- La jambe tendue :
« verrouiller la rotule »
L’extension des membres inférieurs est très fréquemment requise dans les postures de yoga. Une bonne extension permet d’assurer une stabilité transversale de bonne qualité.
La sensation proprioceptive d’avoir des membres inférieurs bien axés et étirés est fondamentale.
La contraction équilibrée du quadriceps assure une traction dans l’axe du tendon et évite les mouvements de latéralité. La rotule se trouve ainsi remontée, plaquée, immobilisée.
2 . équilibre transversal du genou
Les muscles de la face interne et externe aident les ligaments latéraux dans leur travail de maintien articulaire.
En valgus : une hypotonie de la ligne interne de jambe provoquera une distension interne du genou et un appui privilégié du pied sur son bord interne.
En varus : cette situation est plus rare car la ligne externe de jambe a des muscles plus forts. L’appui externe du pied est privilégié.
3 . « bien axer sa jambe pour bien placer son bassin » :
Nous avons plusieurs solutions pour bien placer un bassin qui ne l’est pas tout à fait spontanément. Le bon placement des jambes est une des meilleures.
Pour aligner correctement le membre inférieur en extension le genou doit faire face à des forces parfois contradictoires. En posture debout, un élan vers le ciel apparaît . Le tronc tend vers l’ouverture et donc vers une certaine extension de colonne vertébrale qui demande une légère extension de hanche sous tendue par un début de rotation externe de cette articulation. Si ce mécanisme n’est pas « naturel » il demande une construction active, une éducation du membre inférieur. Il s’ensuit une orientation en dehors du genou et le pied aura tendance à se positionner sur son bord externe. Ramenant fermement notre conscience dans nos 3 points d’appui du pied nous devons « renforcer » le travail au niveau de l’arche interne du pied, au niveau de la cheville et de la partie interne de la jambe. Le genou doit dialoguer avec les forces d’en haut, externe, et d’en bas, internes. Il doit s’ajuster au mieux pour aller vers la situation dans l’axe.
Nous remarquons alors que :
- Quand le pied est en appui, les ischiojambiers et le triceps sural ( loge postérieure de la cuisse et de la jambe) de fléchisseurs qu’ils étaient, lorsque le pied était soulevé, deviennent extenseurs. Plus le genou est maintenu en extension, plus il y a de fibres musculaires recrutées dans l’action et meilleure sera la tonicité du muscle et la force dans la jambe. Si le genou est mal tendu dans l’appui, l’axe du condyle est en avant de l’axe de gravité. Ceci fait apparaître une contrainte sur l’avant de l’articulation. L’hyperextension fait reculer l’axe des condyles en arrière de l’axe de gravité.
-De même le quadriceps par son vaste interne et son vaste externe tracte la rotule et son tendon dans l’axe. Le vaste interne est aidé en dedans par le couturier qui de plus a une fonction d’ajustement du tibia sous le fémur en lui donnant une tendance à la rotation interne. Le vaste externe est aidé en dehors par le tenseur du fascia lata qui a une tendance à ajuster le tibia en lui faisant faire une rotation externe. Les différentes forces jouant ensemble, ne vont pas « s’annuler » comme on a souvent tendance à le dire, mais elles vont se rencontrer et par leur action conjuguée dans l’axe elles vont faire jaillir la structure comme une balle rebondissante. L’équilibre transversal est alors assuré.
-Le jeu synergique du quadriceps et du triceps sural va assurer l’équilibre antéro postérieur. « Contracter les cuisses, tendre le genou » Voilà des consignes tout à fait parlantes…
Les défauts de la statique peuvent se corriger par les actions des muscles moteurs de la jambe. Ceci corrige la position de la hanche et donc du bassin.
VRKSASANA : La posture de l’arbr
Cette posture nous permet d’entrer dans un équilibre dynamique des différentes loges du membre inférieur et aussi de mettre en action coordonnée le pied et la jambe.
En reprenant l’image de G.Bordier, comparons l’élévation sur la demi -pointe des pieds à l’action de soulever une brouette du sol.
*Le point d’appui ou roue de la brouette représente les têtes des métatarsiens.
*Les pieds d’appui de la brouette représentent le calcanéum.
*La planche porteuse est la partie médiane de la voûte.
*Les bras de la brouette sont les arches interne et externe
*La charge c’est tout notre corps par l’intermédiaire du cou de pied et des métatarsiens
*Les bras qui soulèvent la brouette, c’est la force du triceps sural appliqué au calcanéum.
Plus le bras de levier de la résistance est court (longueur du calcanéum à la tête des métatarsiens) plus le bras de levier de la force de traction est long (tendon du triceps sural) plus l’élévation est facilitée. Il est plus facile pour un grand bonhomme de soulever une petite brouette que pour un petit bonhomme de soulever une grande brouette. Il apparait qu’un bon travail de tonification et d ‘assouplissementau niveau du mollet est indispensable (travail des demies pointes par exemple)
Le triceps est aidé dans son fonctionnement par les muscles rétro malléolaires interne et externe qui ont une action de serrage de cette pince articulaire et une action stabilisatrice interne et externe.
L’action coordonnée des différentes loges musculaires ouvre les canaux pour la montée de la sève et d’un enracinement stable dans le pied peut jaillir cette posture de l’arbre. Nous retrouvons là pleinement le lien entre le nom et l’esprit des postures.
UTTANASANA : La posture très étirée
Cette posture est dite très étirée car les chaînes musculaires postérieures de la jambe et du tronc sont étirées à leur maximum du fait de la flexion en avant.
Les deux jambes bien tendues, pieds parallèles entre eux, nous fléchissons et nous regardons comment s’organisent les choses. Suivant l’angle de la jambe avec la verticale dans le plan sagittal, le poids du corps se place plus ou moins en avant dans le pied. L’axe de la jambe reste t-il en accord avec l’axe du pied ? Avons nous la sensation d’un travail équilibré dans les différentes loges ?
Au début de la pratique les chaînes musculaires ne sont pas toujours prêtes à répondre à notre demande. Il convient d’accepter quelques adaptations. Si nous prenons l’exemple de uttanasana, nous constatons que l’arrière de la jambe « manque » en quelque sorte de longueur. Pour privilégier un dos bien placé, le moins « arrondi » possible, il est souvent proposé de faire une petite flexion de jambes sur l’inspire et de retendre progressivement les jambes sur l’expire. Il faut se souvenir du fait que la tension du L.L.I varie suivant le degré de flexion de l’articulation. En début de flexion, l’articulation se déverrouille, il existe une certaine instabilité possible si les haubans musculaires ne sont pas bien contrôlés. Puis la flexion s’accentuant le L.L.I se retend, l’articulation est à nouveau plus stable. Cet artifice qui rend le bassin libre d’antéverser ou de rétroverser permet de bien positionner le dos, mais il demande une grande présence pour que tous les éléments travaillent bien dans l’axe : colonne vertébrale, bassin, hanche, membres inférieurs.
L’attitude en demi -flexion en valgus par exemple, est mauvaise pour l’articulation. Le L.L.I est forcé. Ceci arrive facilement si la hanche manque de rotation externe. Il s’ensuit un forçage du versant interne du genou.
Une attitude en légère flexion trop fréquente, gardée souvent à notre insu dans la vie courante du fait du raccourcissement fréquent des ischiojambiers dans notre civilisation de la chaise, n’est pas souhaitable. L’appui sur une moins grande surface articulaire, du fait de la forme plus arrondie du condyle au fur et à mesure de la flexion, amène une contrainte plus importante et le cartilage s’use plus vite. Ceci ne se produit qu’au delà d’un angle de 15 degrés, dans les premiers degré la flexion se fait sans glissement des condyles fémoraux et permet donc d’éviter une usure cartilagineuse par frottement dans la pratique de la marche.
VIRABHADRASANA : La posture du héros.
Cette posture qui allie la force et la légèreté, l’élan, demande souvent beaucoup de phases éducatives. Deux éléments peuvent principalement attirer notre attention.
D’une part, dans l’extension de hanche, quand nous avons les jambes placées suivant la loi des 90° et que nous commençons à avancer, avons nous pris conscience de l’axe de la jambe postérieure. Le pied est il bien positionné, avons- nous la sensation que les loges musculaires ne sont pas tiraillées dans un mauvais axe, en particulier au niveau de l’attache du quadriceps, sentons nous le même degré de tension interne et externe ? Il est aisé de soulever délicatement le genou du sol et de repositionner attentivement la rotule de manière à ce que le travail se fasse dans l’axe.
D’autre part, quand nous nous avançons en toute conscience, nous percevons que le genou antérieur agit comme un « chef d’orchestre » emmenant tout le monde dans son élan. Dans ces instants nous sentons que si nous bougeons un seul élément du puzzle tous les autres sont concernés. Nous le savons bien que le battement d’aile d’un papillon fait bouger une étoile !
ADHOMUKHASVANASANA : Le chien tête en bas.
Nous retrouvons ici tous les éléments des postures jambes étirées, le corps à 90°, la particularité pour le genou étant que l’application de la force de travail se fait dans un sens différent. En effet il s’agit cette fois d’étirer le genou vers le bas, en déposant les talons au sol nous tractons le triceps sural (le mollet) mais aussi les ischiojambiers, c’est à dire toute la face postérieure de la jambe. Nous recrutons donc d’autres fibres musculaires et d’autres secteurs des muscles postérieurs que ceux que nous utilisons d’habitude.
Nous voyons ainsi que l’enchaînement du salut au soleil est un travail de qualité pour le travail du genou sous différents angles.
Phase de flexion accentuée : exemple de UTKATASANA.
Le seul point fixe est l’appui du pied au sol. Le poids du corps produit une flexion passive du genou, l’action musculaire doit être bien contrôlée. Au fur et à mesure de la descente, le genou se plie, le quadriceps est étiré de plus en plus bas. Il faut veiller à équilibrer les tensions internes et externes. A la force des muscles de la cuisse pour freiner le mouvement s’ajoute la force de la musculature de la région lombaire qui joue le rôle de contrepoids. La force du cou de pied intervient également. Quand les limites sont atteintes, le bassin bascule en arrière et le tronc se penche en avant. Dans d’autres cas le tronc peut se cambrer pour chercher à s’équilibrer. On peut dans cette posture contrôler l’équilibre à partir du pied et chercher à redresser le dos par les spinaux.
Quand la hanche ne peut plus être contrôlée il est inutile de descendre davantage.
Plus la résistance du quadriceps est grande, plus sa contraction sera forte à la remontée. Si le genou n’est pas maintenu dans l’axe de façon vigilante, il se produit des porte-à- faux et les ligaments subissent des distensions.
Extension en position allongée
La jambe est alors en décharge. Nous retrouvons les éléments de l’extension, mais il faut pour que la posture soit juste que le bassin soit lui aussi bien positionné, c’est à dire qu’il ne puisse pas se rétroverser et que les fesses ne se soulèvent pas quand les jambes sont étirées. Il convient de placer une petite cale dans le creux lombaire.
Extension de jambe en posture assise : PASCHIMOTTANASANA
Cette posture permet de bien travailler l’étirement progressif. Elle est particulièrement utile chez les personnes ayant un genou en recurvatum. Elle peut les aider à se remettre dans un bon plan.
UPAVHISTA KONASANA etKURMASANA: La posture de l’angle assis et la tortue :
Dans ces postures le travail des genoux est souvent très progressif si elles ne sont pas d’emblée pratiquées avec une certaine facilité physiologique. Quoiqu’il en soit, le fait de travailler assidûment avec des genoux fléchis et en rotation externe et varus, va peu à peu permettre au bassin de fléchir vers l’avant tout en gardant une certaine extension de colonne vertébrale qui évitera le dos trop rond. Peu à peu la sensation d’étirement équilibré de la face postérieure de la cuisse va apparaître avec l’impression de rouler sur la symphyse pubienne vers l’avant. Nous voyons alors que le genou est entré en extension.
Les postures assises asymétriques
Dessin m :postures assises asymétriques, bonhomme.
Elles sont révélatrices du degré de cohésion entre les trois articulations du membre. Si le pied est en difficulté, c’est souvent du fait d’un manque de rotation dans la hanche. Si ce manque est trop important, le genou est « débordé » et la difficulté se révèle au pied. Mais il n’est pas du tout souhaitable de renouveler l’expérience car en admettant que le genou n’ait pas manifesté cette fois, les ligaments ont quand même été étirés. Cela ne peut être refait sans courir de risque, à court terme, à moyen terme, à long terme.
Il est donc utile de prendre les atténuations d’usage, socle sous le bassin, flexion des genoux, et d’attendre que le travail se fasse dans la hanche.
Le travail dans l’assise en posture de jambe symétrique : ASANA
L’assise est par définition une posture qui est faite pour être gardée longtemps. Pour cette raison le membre inférieur doit y être maintenu de façon confortable et aisée.
La flexion abduction facilite la rotation externe de hanche. Si la rotation externe est facile il y a moins d’effort de torsion sur le genou fléchi. Il existe des variations anatomiques de configuration de hanche qui facilitent ou limitent le mouvement. Si l’amplitude de la rotation externe de hanche est limitée, le genou risque de subir des contraintes exagérées.
Dans la forte flexion les ménisques reculent
- poussés en arrière par les condyles.
- Tirés par les attaches des muscles fléchisseurs des genoux. Le ménisque interne est tiré par le L.L.I, ce ménisque par ses attaches est moins mobile que l’externe. Dans la rotation externe il est le plus déplacé et soumis à des contraintes ( en rotation interne il est libéré de ces contraintes.)
Si on sort trop rapidement de la posture, le ménisque peut être à la « traîne » il peut alors être coincé, écrasé par le condyle et la glène, au même titre que dans un mouvement rapide comme cela se voit chez les joueurs de football. Les lésions peuvent être alors plus ou moins importantes. Toute mauvaise synchronisation entre les mouvements de rotation et de flexion-extension peut causer une lésion du ménisque. Il est donc utile avant de se relever et de mettre le genou en charge, d’étirer la jambe et de contracter les genoux avec beaucoup de présence dans l’articulation.
Posture d’équilibre sur une jambe : UTTHITA EKA PADANGUSTHASANA
Pour les genoux deux éléments sont à considérer. D’une part pour le genou de la jambe d’appui, il convient de garder les consignes de travail dans les axes et aussi de positionnement équilibré du bassin dans le sens transversal et dans le sens antéro postérieur.Pour garder le bassin dans ses axes, il est utile de poser sa conscience sur le travail du muscle iliaque (PI) et du muscle moyen fessier. Ils maintiennent l ‘os iliaque de la même façon qu’une pince à sucre maintient un sucre ( cela donne la sensation d’un bassin comme surélevé et bien parallèle au sol).En ce qui concerne la jambe en élévation il faut se souvenir que sur une cuisse fléchie, la jambe se met plus difficilement en extension parfaite, pour les mêmes raisons que celles évoquées dans la posture debout en demi flexion.
Travail de contraction du genou :
Nous avons vu combien le genou est sollicité et combien ses structures sont soumises à des contraintes qui peuvent nuire au cartilage, aux ménisques, aux ligaments, aux tendons. Pour toutes ces raisons il est très utile de proposer au genou un travail en décharge, en position assise, jambes étendues. On peut d’abord repérer manuellement toute la structure en mobilisant la rotule et les replis de la capsule, en repérant l’existence de points douloureux au niveau d’insertions ligamentaires ou tendineuses.
Ensuite on peut se livrer à un travail de contractions rythmiques, sur les deux genoux, puis sur un genou l’un après l’autre. Nous pouvons ensuite si cela nous semble utile, focaliser de plus en plus le travail. Puis on écoute à nouveau « l’ambiance » articulaire. Cette manière de stimuler l’articulation est un excellent travail préventif et curatif. A consommer sans modération!
Le bonheur pour le genou c’est d’avoir affaire d’une part à un pied conscient, axé, avec une voûte tonique et souple et d’autre part à une hanche équilibrée qui entre aisément en rotation externe.
A ce moment tous ces muscles fuselés des membres inférieurs se déploient dans « un espace heureux ».(G.Blitz). Leur qualité d’élongation est donc au rendez-vous ce qui les met dans les meilleures conditions de proprioception. La force douce d’un genou non contraint est une richesse insoupçonnée. Véritable plaque tournante des forces du haut et du bas, il affine leur jeu dans toutes les situations. C’est pourquoi « nous pouvons tutoyer toutes nos articulations, mais nous devons toujours dire VOUS à nos genoux. »
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